Lieu :
Théâtre
Carentan-les-Marais
Date :
Le 01/01/1970
20:30
Info et réservation : 02 33 71 25 25
RÉSUMÉ
Depuis tout petit, Robert aurait voulu être variétologue. Ou variéticien. Ou variéteur. Bref, un spécialiste en chansons de variété. Parce qu’il y une chanson pour tout, pour tous. Parce que la variété, c’est le passé, le présent… ok, peut-être pas l’avenir. Parce que, comme ce spectacle, sans y toucher, l’air de rien, la variété raconte nos vies. Depuis tout petit, Robert n’a pas de père. Il l’a bien vécu. Cela le faisait entrer dans un groupe de gars pas mal branchés: Perceval, Luke Skywalker, Jésus. Quoi que pour ce dernier, c’est comme pour Robert, on ne sait trop que croire. Aussi parfois l’envie nous prend de fredonner quelques paroles.
«Qu’il est long, qu’il est loin, ton chemin, papa!» Joe Dassin
Un homme raconte la légende de sa naissance au public présent.
Légende, car comme dans une bonne télénovela, au fil de sa vie, ses origines ont été réécrites. Son père étant parfois inconnu, parfois mort, parfois un proche de la famille. Quelle version croire? Est-il encore possible de croire quelqu’un dans cette famille? Et le public, peut-il faire confiance à ce narrateur? A-t-il hérité de sa famille le sens de la fable, l’art de mener les autres en bateaux? D’ailleurs, pourquoi le DJ qui l’accompagne et diffuse sans cesse des disques de variété française semble-t-il mieux connaitre les événements que lui?
Un disque-jockey… que fait-il donc là, lui aussi? C’est que le protagoniste a une théorie bien à lui. Dans la lignée des grands héros occidentaux sans père, il s’est trouvé des pères de substitutions. Il y eut bien sûr des membres masculins de la famille, des profs, des supérieurs, mais aussi Barbapapa et surtout, surtout, des chanteurs de variété française. D’autant plus, que pendant plusieurs années, il a cru être le fils d’un chanteur finissant accumulant les tournées de province. Sans référent masculin aimant sa mère, il a construit son rapport aux femmes sous les conseils des meilleurs chanteurs des années 80, il a résolu ses questions existentielles, grâce à la philosophie des tubes à la radio. D’ailleurs, même avec un père, parfois il est plus simple d’aller se confier à son walkman, de chercher les réponses dans l’univers feutré d’un casque.
Quand on a été élevé par Michel Sardou, Jean-Jacques Goldman, Joe Dassin, Daniel Balavoine, William Sheller, n’est-on pas le pur produit d’une époque, le fils d’une pop-culture, d’une génération?
Notre narrateur a donc appris le sens de la formule, de la métaphore éclairante mais évidente. Il a inconsciemment appris aussi la façon de séduire une majorité, d’être rassembleur, d’être crédible même en annonçant les plus grandes banalités. Mais qu’a-t-il appris sur les rapports intimes? Un bon texte de Roda-Gil vaut-il une paire de bras velus vous embrassants?
Surtout, tromper par sa famille, fallait-il pour autant croire ce que les chanteurs racontent dans leurs morceaux?
Quoi qu’il en soit, le héros en a fait un art de vivre. Il se soigne à la variétologie.
Et comment cela finit? Aura-t-il retrouvé son père biologique d’ici là? Aura-t-il même sincèrement essayé? En aurait-il envie? Va-t-il plutôt s’en inventer un ultime? Et nous faire croire que c’est le vrai? Est-il mort? Sa mère, détentrice de la vérité, s’incarnera-t-elle sous les traits d’une actrice de renom ? Robert se réconciliera-t-il avec elle ?
Seul certitude, il aura une réponse à une question qu’il ne s’était jamais posée avant une petite faille dans sa vie, un court instant de relâchement et d’abandon, juste après avoir lu l’histoire du soir à sa fille, une inattention dont la petite a profité : « Dis papa, c’est pas triste d’avoir grandi sans un vrai papa? »